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Ça débloque, enfin!

Dernière mise à jour : 25 juil. 2021


I’m gonna die, Vega, I swear I’m gonna die. Why am I doing this? I need you with me!! THIS IS A BAD IDEA.

Vega, qui allait pour la première fois me laisser voler de mes propres ailes, ne savait pas trop si elle devait rire ou me rassurer.


C’était la troisième fin de semaine de mon échange et j’avais enfin trouvé le courage de demander aux trois scouts de ma classe si je pouvais me joindre à eux lors d’une de leurs réunions scoutes. Je voulais faire une activité sans Vega pour apprendre à moins dépendre d’elle et je vous le dis tout de suite, ça a fonctionné.


En toute honnêteté, chaque fois qu’un adolescent montréalais apprend que je suis dans les scouts, il me regarde comme si j’étais une looser finie alors que c’est grâce aux scouts que je suis fière de qui je suis. Va savoir. Dans mon collège espagnol, religieux comme à peu près tous les bâtiments privés en Espagne, le scoutisme est vu de manière beaucoup plus positive et l’école a fait de nombreux efforts pour le développer.


Ça fait que quand je suis arrivée à l’école en ce samedi matin et que j’ai vu à travers la vitre de la voiture tous les scouts de mon âge marcher avec une démarche assurée, leurs foulards et leur belle complicité, j’ai paniqué!

À côté de moi (qui était persuadée de m'autodétruire sans la présence de Vega), ils avaient pas mal l’air de dieux.

Quand ils nous ont rejoints dans les escaliers en face de l’entrée principale, j’ai cru défaillir. Les trois élèves de ma classe se sont approchés, ont constaté ma nervosité et m’ont escortée à l’entrée des élèves sans réellement savoir où se placer. Ce qui est tout à fait normal : ils venaient de recevoir la responsabilité d’une fille un peu perdue, nerveuse et qui ne comprenait pas 75 % de ce qu’ils disaient! Ils ont ensuite rejoint leurs amis sans trop savoir quoi faire de moi. Au final, je me suis retrouvée seule pour attendre Simon, l’un des trois Français qui faisaient l’échange avec nous.


Quand il est arrivé, je n’en revenais pas. Pas une once de stress sur son visage. Il était tellement confiant et relax dans sa chemise rouge. C’était absolument inconcevable pour moi qu’à ce moment-là, il soit aussi tout simplement heureux. Il ne comprenait pas plus que moi pourquoi nous étions une cinquantaine de jeunes à attendre devant la porte, mais au moins j’avais trouvé une personne de référence qui parlait français.


Ensuite, les choses se sont mises à bouger. Nous sommes rentrés à l’intérieur et avons écouté la vidéo de leur camp d’été. Simon et moi avions le sourire jusqu’aux oreilles. C’est là que cette journée a commencé à devenir la meilleure de tout mon échange.

Tous les jeunes de 14 à 17 ans sont sortis dans la gigantesque cour et nous avons commencé nos activités. La première, se présenter sur un bout de papier, aurait pu être vraiment anodine si ça n’avait pas été la première fois où j’ai parlé en espagnol à des personnes que je ne connaissais pas beaucoup, sans hésiter et en sachant ce que je disais! Ensuite, nous avons fait un jeu ET C’ÉTAIT ABSOLUMENT INSENSÉ : Sans que je ne m’y attende, six Espagnols se sont rassemblés en cercle, les bras entrelacés et la tête baissée pour former un dôme! Une fille s’est ensuite mise à courir en ligne droite, a sauté par dessus le groupe de six en rampant un peu sur le sommet du dôme humain, s’est accrochée aux jambes de la personne la plus loin d’elle, a fait la chandelle, puis le pont, a ancré ses pieds au sol tout en ayant encore les mains enlacées aux jambes de sa base et a gardé cette position jusqu’à ce que chaque scout-base ait un autre scout accroché à ses jambes. On m’a demandé si je voulais le faire, mais j’avais trop peur de tuer quelqu’un avec mes souliers ou de m’humilier en ne sautant pas assez haut. Je voulais aussi éviter de me briser le dos. Eux par contre, l’ont tous fait, sans se soucier de l'apparence ou des capacités physiques de la personne. C’était assez impressionnant. De tout ce qu’on a fait, ce sont les deux activités qui m’ont le plus marquée.


Après la réunion, je suis allée rejoindre Vega et je n’arrêtais pas de lui dire à quel point j’étais fière de moi.

Je savais aussi qu’en démontrant autant mon émerveillement aux trois scouts de ma classe, j’avais pu créer des liens avec eux. Vega et moi avons ensuite rejoint ses amis au Burger King pour le souper. On était seulement une dizaine de personnes, mais avec la force de leur voix et de leur personnalité, on aurait dit que nous étions mille.

Je les aime tellement que je deviens émotive juste en écrivant à leur sujet.

Après avoir acheté nos repas, nous nous sommes assis dans un parc pour manger et pour la première fois, ils étaient 100 % eux-mêmes avec moi. Ils savaient que je n’étais plus aussi stressée et voulaient m’intégrer. En voyant tous leurs efforts pour que je les comprenne, je leur ai tellement été reconnaissante, ça n'a juste pas de bon sens. Durant toutes ces heures à parler, mimer et gesticuler, je riais tellement que j’en pleurais.


Si cette journée-là m’a marquée, c’est que j’ai réalisé que j’étais capable d’accomplir beaucoup plus de choses que je ne le pensais. Aussi, j’ai pu créer des liens avec les Espagnols, quelque chose que j’attendais depuis longtemps.

Photo en compagnie de mes amis scouts montréalais lors de notre voyage fantastique en Islande, cet été!

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